Présentation

Processus

Têtes-mortes

Résumé

Aux /NTERST/CES, nous avons fondé jusqu’ici notre théâtre sur deux axes : une « dramaturgie de l’acteur » et une « poïétique de l’acteur ». Travaillant sur plusieurs textes de Beckett, nous jouons à bousculer ce qui sous-tend notre propre travail, dans lequel la notion « d’action » était jusqu’ici première et fondamentale. Avec Beckett, nous avons donc choisi de nous aventurer dans une étude et des expérimentations sur le DIRE et les effets de la PAROLE.

Après En attendant Godot créé en mars 2013, en tournée 2013/14/15, nous poursuivons notre travail avec 4 soli présentés par chacun des acteurs de la compagnie: Têtes-mortes.

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« Le jardinier coupe les têtes mortes de son rosier s’il veut qu’il soit florissant. Les pétales recueillis continueront à offrir leur parfum. Ainsi de l’écrivain qui confie à la publication ce qui a fleuri sous sa plume, puis va poursuivant son œuvre. » Voici comment l’éditeur et la traductrice Edith Fournier présentent le livre des Têtes-mortes. C’est un recueil de 5 courts textes non-théâtraux, écrits par Beckett en anglais ou en français. Le premier date de 1956, le dernier de 1969. Ces textes de Beckett n’étant pas destinés à la représentation, les ayants-droits autorisent, non pas une « mise en scène » de ces textes mais, simplement et purement, en public, une restitution par le « dire » d’un acteur. La « Tête-morte » est en chimie le résultat d’un corps qui a été distillé. Notre tentative sur ces Têtes-mortes est donc, d’une certaine manière, un jeu (délibérément choisi) avec un dispositif de simplification , d’épure , et (de notre point de vue) de « contrainte » maximale … !

À ce désir, né d’un questionnement sur notre propre recherche artistique, se mêle l’intuition d’un singulier possible partage avec le public, autour de l’oeuvre de Beckett. Et notamment, parce que Beckett réinvente, par son écriture, de nouvelles formes de subjectivités (sans psychologie, sans origines, sans fiches sociales …). Cette réinvention passe par une dissection de la langue « acquise ». Au théâtre, il s’agirait même d’une sorte de vivisection de la parole. Beckett a entrepris, notamment avec des textes comme Têtes-mortes, « un assaut contre les mots ». Voici comment il exposait son projet littéraire : « Espérons que le temps viendra (…) où l’on usera de la langue avec le plus d’efficacité là où à présent on en mésuse avec le plus d’efficacité. (…) Y a-t-il une raison pour laquelle cette matérialité tellement arbitraire de la surface du mot ne pourrait pas être dissoute… »… Et de fait, dans ces Têtes-mortes, rien ne se communique ! Il n’y est pas fait cet usage convenu de la faculté du langage. L’écriture s’appuie sur la page blanche et la parole s’appuie sur le silence. Elles ne cherchent pas à les remplir. Ces textes sont singuliers. Leurs modes répétitifs peuvent les rendre âpres, extrêmement exigeants. Si l’on veut bien accepter de lâcher prise sur le « sens qui signifie » (celui qu’on voudrait croire saisir comme un contenu), les Têtes-mortes réalisent alors une drôle d’opération magique. On perçoit, au travers des rythmes, fluctuations, virages, courbures et lignes, que le tissage du « sens » y est faculté de, ou difficulté, voire impossibilité — puisque Beckett cheminait de son propre aveu sur la « voie de l’échec » ! — à s’orienter dans la parole. Tous ces efforts pour échouer, « foirer », ne vont pas sans quelque humour, bien sûr.

Alors, avec Beckett, on plonge dans la matière du langage comme dans l’eau du fleuve d’Héraclite : jamais deux fois à l’identique, jamais deux fois dans le même état. Beckett touche, avec ses Têtes-mortes, les points sensibles et comme ultimes des décompositions et recompositions subjectives . Le sujet de l’énonciation apparaît dans les Têtes-mortes comme en creux et au travers de ce qui se décrit : une image, un objet, une expérience, un monde, un rapport au temps et/ou à l’espace, une trajectoire… La langue de Beckett, malgré son objective précision ne construit pas un sujet « type » objectivé, ou un « mode d’être » caractérisé, encore moins un personnage ou des histoires. Il se dégage du texte, à l’audition comme à la lecture, autre chose que ce qui est décrit ou représenté. La production d’images avance par glissements, plutôt que par constitution de figures stables. Ce déplacement de la notion de sujet, concomitant d’un questionnement de la notion d’acte, est l’aventure qu’ouvre à nos consciences l’œuvre de Beckett. Et cette aventure nous est passionnante. Nous espérons vous en faire partager la saveur.

 

Distribution

Textes de Samuel Beckett (Éditions de Minuit)
Sans dit par Michaël Hallouin,
Bing dit par Laurélie Riffault,
Imagination morte imaginez dit par Antoine Sterne,
D’un ouvrage abandonné dit par Damien Valero

Espace : Gilbert Guillaumond et Marie Lamachère
Lumières : Gilbert Guillaumond

 

Production

Accueils en résidence et coproductions :  La Halle aux Grains, scène nationale de Blois, Le Forum scène conventionnée du Blanc-Mesnil, Scènes croisées de Lozère et Lycée Chaptal de Mende, Le Viala (lieu de la compagnie Hiver Nu), La Pratique (lieu de la compagnie Cécile Loyer), Ramdam (lieu de résidence pour artistes à Sainte-Foy-lès-Lyon).

Avec l’aide de la Drac Languedoc-Roussillon (compagnie conventionnée).

Avec le soutien de la Drac Centre (aide à la résidence 2012), de la Région Languedoc-Roussillon et de la Région Centre, des départements de l’Hérault et du Loiret, de l’Agglomération de Montpellier, de la Ville de Montpellier et de la Ville d’Orléans.

Remerciements à l’Artda, au 108-Maison de Bourgogne à Orléans.

 

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